Co-directeur du Centre dramatique Kokolampoe, comédien, scénographe

 

Cette interview avait été réalisée et publiée en septembre 2020, sur notre page Facebook, à l’occasion de l’ouverture de la saison.

Qu’est-ce qu’un Centre dramatique ?

Les centres dramatiques nationaux sont nés en 1946, au lendemain de la libération. La politique de décentralisation théâtrale avait pour but de redynamiser les régions en apportant du lien social, à travers le théâtre populaire. Un des artistes précurseurs de ce mouvement fut Jean Villar, à qui l’on doit le festival d’Avignon. Par une démarche volontaire d’artistes et de politiques, le théâtre sort des « hauts lieux culturels » pour rencontrer la vie, entrer dans le quotidien des français.

Comment est née l’idée d’un Centre dramatique à Saint-Laurent ?

C’est véritablement la rencontre entre les artistes et Léon Bertrand, maire de Saint-Laurent à l’époque, qui a permis à cette structure de voir le jour. Tout d’abord sous le prisme de la musique, puis progressivement le théâtre a trouvé sa place, dans un projet structurant pour cet espace multiculturel. Il s’agissait d’accompagner les jeunes à écrire et dire leur culture, tel un laboratoire, d’où ont émergés les premiers acteurs qualifiés.

Quels sont les enjeux du label scène conventionnée ?

Kokolampoe scène conventionnée pour un théâtre équitable, se construit dans une idée de formation et de quête d’excellence. Si le conventionnement ministériel est une reconnaissance, c’est aussi un contrat d’objectifs :

– accueillir des spectacles nationaux (hexagone et dom), des résidences d’artistes venus du monde entier, mener des expérimentations pour l’exploration du théâtre sous toutes ses formes et dans tous ses métiers

– être dans la transmission à travers des formations universitaires de haut niveau et des masterclass, avec le partenariat de L’ENSAT, de l’université de Guyane et d’autres théâtres écoles de renom, et ainsi faire sortir des professionnels du spectacle qui vivent de leur art, malgré la conjoncture locale

– relever le défi de continuer à s’inscrire dans le melting-pot culturel et linguistique unique de l’ouest guyanais

C’est cette synergie qui donne au centre dramatique Kokolampoe cette couleur si particulière et lui permet de contribuer au développement culturel et économique du territoire.

Quid de son encrage sur le territoire régional justement ?

Le centre dramatique Kokolampoe, établissement d’intérêt national, fruit de la politique de décentralisation, est d’autant plus imbriqué et impliqué dans le territoire, qu’il n’est pas soumis comme les CND, à la nomination ministérielle d’un directeur pour 3 ans.

Dans les Antilles et en Guyane, on assiste à la naissance d’un schéma régional fortement ancré dans son territoire, avec un dialogue qui se construit avec les pays de la caraïbe et le Suriname.