Rencontre avec Humphrey Amiemba

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Régisseur

Pouvez-vous nous parler de votre métier ?

Ce métier, c’est ma passion. Ce qui me passionne, c’est la polyvalence. On touche à tout ce qui fait le spectacle. Moi, j’ai commencé à jouer de la musique à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, même si je ne suis plus musicien à plein temps, je suis dans la continuité. Travailler sur le son, la lumière, le plateau, c’est créer une autre forme de musique. Bien sur en tant que technicien, on balaye plusieurs aspects, mais chacun a son domaine de prédilection et moi c’est le plateau, les installations, les constructions, participer à la scénographie. C’est vraiment mon truc.

Comment êtes-vous arrivé au centre dramatique ?

Je suis arrivé en 2012 pour la première promotion de la formation de technicien du TEK. Il y avait 8 techniciens et 15 comédiens. Je faisais partie d’un groupe et j’étais musicien. c’est comme cela que j’ai rencontré Serge Abatucci. Il venait régulièrement au village participer à nos fêtes et assister à nos concerts. Il nous a invité à voir des spectacles au théâtre. J’y ai été avec des membres du groupe et ça m’a plût. Un jour, il m’a parlé de l’ouverture de la formation. Ça m’a tout de suite intéressé, car c’était en rapport avec le spectacle ; il y avait un peu tous les domaines techniques (électricité, menuiserie…) un peu comme je faisais déjà avant, mais c’était structuré.  Alors, je me suis dit que j’allais essayer. J’ai fait trois mois de stage probatoire, durant lequel j’ai suivi la formation de comédien avec Ewlyne Guillaume. C’était lourd et rigoureux, mais ça m’a permis de comprendre la place des comédiens. Et puis la formation technique a commencé.

Qu’est-ce que cette formation vous a apporté ?

Les trois premiers intervenants m’ont particulièrement marqué : Pierre Mélé, Marc Simoni et Pascal Laajili. C’est vraiment auprès d’eux que j’ai développé mes compétences techniques. Ce sont des professionnels avec un grand savoir-faire et qui m’ont montré l’étendue des possibilités du métier. Parfois, je prenais plus de temps que les autres pour comprendre une notion, mais j’étais super motivé. Alors Pascal proposait de rester une heure de plus avec moi à la fin des cours, pour approfondir. Tout ça m’a beaucoup aidé.

Quel a été votre moment marquant ?

À vrai dire, c’est un spectacle, celui de la promotion 2014 : l’Illiade. J’étais à la fois technicien et comédien. La scénographie était très complexe, mais justement c’était excitant de travailler dessus. Je suis vraiment fier d’y avoir participé. Il y en a quelques photos sur le site internet Kokolampoe.fr.

Après votre formation, vous auriez pu partir travailler ailleurs, qu’est-ce qui vous a convaincu de rester ?

En 2013, alors que ma formation n’était pas terminée, on m’a proposé un contrat de 20h par semaine. Je travaillais après les cours et sur les spectacles. Ça m’a permis de me familiariser plus vite à l’environnement et finalement je m’y sentais bien. Alors lorsque la formation s’est achevée, j’ai accepté un poste à temps plein. Mais j’ai quand même un peu travaillé à l’extérieur, notamment au Festival de Cognac en 2015 en tant que technicien et au Festival d’Avignon en 2014 en tant que comédien. C’était de bonnes expériences. Et puis, ici, je travaille sur le FIFAC. Il y a beaucoup à faire en Guyane.

Qu’en a pensé votre entourage lorsque vous avez choisi cette voie ?

Jusqu’à maintenant, il y en a qui ne savent pas ce que je fais. Mais ils s’intéressent, ils viennent voir les spectacles, ils me demandent en quoi ça consiste exactement. Aujourd’hui, je suis régisseur et je m’occupe de tous les aspects nécessaires au bon déroulement technique des spectacles, avec Serge Abatucci, qui supervise le tout. Il y a beaucoup à faire et à gérer : l’entretien du matériel, des bâtiments, la sécurité des cases, accueillir les artistes durant leur séjour en résidence, manager les équipes qui viennent en renfort sur les événements…

Quel regard portez-vous sur l’évolution du centre dramatique depuis 2012 ?

Le Centre s’est beaucoup développé ; les spectacles et le festival des Tréteaux du Maroni gagnent en qualité tous les ans, que ce soit sur l’organisation générale ou la technique spécifiquement. Il y a plus de spectacles et plus de demandes de résidence. Ce qui est bien, c’est qu’il y a aussi de plus en plus de saint laurentais qui viennent et qui s’intéressent au théâtre. Et pas seulement pour voir des spectacles, mais aussi pour apporter quelque chose, comme Samuel Selig et les jeunes sans limites, qui participent à la scène ouverte des Tréteaux. Maintenant, il faudrait que cette évolution se ressente aussi dans les installations. Pour l’avenir proche, mon souhait serait qu’on ait une plus grande salle pour pouvoir accueillir plus de public. Il est là, il est demandeur et de plus en plus souvent on ne peut pas tous les recevoir. Ça serait vraiment une belle évolution.