Nous avons été invités, le dramaturge Alfred Alexandre et moi, par les comédiennes Jenni Kallo, Niina Rinta-Opas a rassembler in-situ à Rovaniemi des matériaux pour un spectacle dont je dois assurer la mise en scène. Le projet est né après que les comédiennes aient participé au festival les Tréteaux du Maroni où elles ont assisté à la représentation de la Nuit Caraibéenne d’après Alfred Alexandre. Contre toute attente, le texte, le sujet, l’esthétique de la mise en scène, le jeu des acteurs, (Serge Abatucci, Philippe Calodat) le choix du genre théâtral, leur ont paru familiers. Et c’est ainsi qu’est né ce projet étonnant entre le cercle polaire, l’Amazonie, les Antilles qui fait s’exprimer avec des voix tellement diverses, venues des bouts des mondes les désespérances, les désirs les espoirs des gens ordinaires.
Le calendrier nous a obligé à décaler notre travail en Laponie, qui, selon les vœux des comédiennes, devait se dérouler pendant la nuit polaire, la nuit finlandaise, pour une meilleure approche du caractère des personnages. Mais nous avons le sentiment d’avoir accompli notre mission qui consistait, à amorcer l’écriture de la pièce dont le titre est Un anniversaire, pendant cette période d’immersion dans la vie de tous les jours en Finlande, dans une petite ville lourde de souvenirs douloureux. Nos lectures et recherches ne nous auraient pas permis de comprendre l’importance du contact physique avec Rovianemi et ses habitants : leur vie de tous les jours, leurs soupirs, leurs non-dits, leurs regards. je m’en rends compte, à présent, au souvenir de larmes versées à l’évocation par exemple de guerres lointaines qui, chez nous, ne méritent le plus souvent qu’un hochement de tête poliment compassionnel. Nous avons pu engager avec Alfred Alexandre une véritable écriture plateau.